YÉMEN : 8 ANS DE GUERRE OUBLIÉS

YÉMEN : 8 ANS DE GUERRE OUBLIÉS PAR SELMA BAIRI

Le Yémen, carrefour entre l’Afrique et l’Arabie, pôle majeur de l’Arabie heureuse, est un pays invisibilisé par les médias occidentaux, aujourd’hui.

En effet, La guerre au Yémen est probablement l’un des conflits armés les plus meurtriers du début du XXIe siècle. On compte plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés, ainsi que près de quatre millions de déplacés.

Pour comprendre la situation, il faut remonter à l’histoire du Yémen. La Guerre froide a divisé le pays en deux blocs : l’un au Nord et l’autre au Sud. En 1990, le Yémen a été réunifié, cependant des clivages persistants d’ordre culturel, religieux et tribal fragilisent cette unification. Les Houthis, représentant environ 40% de la population et pratiquant une branche de l’islam chiite, ont contesté le pouvoir central, se sentant marginalisés économiquement et politiquement.

 

Les Printemps arabes de 2011 ont marqué un tournant majeur, entraînant la chute du président Ali Abdallah Saleh et son remplacement par Abd-Rabbo Mansour Hadi. Cependant, les Houthis n’étaient pas satisfaits des mesures prises, réclamant des terres indépendantes avec un accès à la mer.

Trois ans après la chute du gouvernement, les Houthis ont étendu leur territoire d’influence et pris la capitale du pays, Sanaa, en 2014.  PHOTO DE LA CAPITALE (beaux immeubles).

En 2015, les Houthis ont pris le contrôle du palais présidentiel, forçant le président Hadi à fuir à Ryad. L’Arabie saoudite a alors lancé une opération militaire soutenue par neuf nations arabes. Elle a choisi d’intervenir pour contenir ce qu’elle percevait comme une menace chiite dangereuse, fortement soutenue par l’Iran, déclenchant ainsi un conflit armé de grande ampleur.

Outre ces affrontements, la présence d’organisations terroristes, notamment Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et l’État islamique (Daech), aggrave la situation. AQPA sévit au Yémen, perpétrant de nombreux attentats, tandis que Daech est arrivé fin 2014 et continue de représenter une menace avec environ 500 combattants, selon l’ONU.

Au fil des cinq années suivantes, le conflit s’est intensifié, touchant l’ensemble du pays. Les atteintes aux droits de l’homme et les crimes de guerre se sont multipliés, infligeant des souffrances insoutenables à la population civile. Les enfants sont les principales victimes de ce conflit qui semble interminable.

 

La crise humanitaire ne cesse de s’aggraver, la situation est qualifié de désastre par l’ONU : 

– Plus de 233 000 civils ont perdu la vie ou ont été gravement blessés,

22 millions de Yéménites nécessitent une assistance humanitaire pour survivre

2,2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë.

Plus de 4 000 enfants ont été enrôlés et instrumentalisés par les belligérants.

– Épidémies de Choléra en Hausse 

– Taux Alarmant de Mortalité Maternelle : Le Yémen est confronté à un taux de mortalité maternelle alarmant, avec une femme décédant en couches toutes les deux heures, souvent de causes évitables, soulignant l’urgence d’une intervention médicale et humanitaire.

 

Malheureusement, les fonds nécessaires tardent à être réunis, et la couverture médiatique de cette guerre demeure relativement limitée. Le Yémen, déjà le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, voit son développement régresser de deux décennies en raison de ce conflit, selon le PNUD.

Des négociations sont actuellement en cours  en Arabie saoudite entre les rebelles Houthis et le gouvernement reconnu internationalement. La reprise de dialogue entre Téhéran et Riyad, sous l’égide de la Chine, continue d’être un horizon pour le peuple yemenite.

– Selma BAIRI –