Les réseaux sociaux, une guerre de l’attention

Aujourd’hui, notre cerveau, et plus précisément, notre attention, sont devenus la nouvelle tendance, la poule aux œufs d’or. Disponibles partout et faciles à atteindre, ils sont LA source de profit pour de très grosses entreprises, qui dans l’ombre, cachées, se mènent une guerre sans merci pour capter, manipuler et utiliser notre temps de réflexion disponible.

Ils sont là pour nous « divertir » mais aussi et surtout, pour faire d’énormes dégâts sur notre cerveau sans même que nous ne nous en rendions compte.

Nous les connaissons bien, comme la plupart des êtres humains sur cette planète.

Nous consommons déjà leurs produits, même très souvent, et pour certains dès qu’ils ont une minute de libre !

Nous le faisons régulièrement et peut-être en ce moment même…

Ce sont nos réseaux sociaux, pour qui, notre attention vaut plus que tout l’or du monde !

 

Avec l’avènement des réseaux sociaux (Facebook, Snapchat, Instagram, Twitter, TikTok) nous vivons dans un monde ultra-connecté.

 

Alors… oui, on pourrait peut-être dire qu’ils nous facilitent la vie : que grâce à eux, on peut se rapprocher de gens qui vivent à des kilomètres et des kilomètres de nous, qu’on peut également se cultiver et accéder à un grand nombre d’informations en un claquement de doigt, ou peut-être aussi, pour certains, sortir de la solitude.

 

Mais en y réfléchissant bien et en voyant les choses telles qu’elles le sont, nous pourrions constater que ces réseaux divisent, fragmentent et détruisent des liens sociaux plus qu’ils n’en créent.

 

Nos réseaux sociaux utilisent un mécanisme très précis, longuement étudié et mûrement réfléchi pour nous inciter à passer le plus de temps possible sur nos écrans.

Mais en quoi ce mécanisme consiste-t-il ?

Prenons l’exemple d’Instagram, à l’heure actuelle l’un des réseaux qui regroupe le plus d’utilisateurs et le spécialiste de l’entrée par effraction dans nos cerveaux.

Instagram permet de partager un grand nombre d’informations, de donner son opinion sur beaucoup de sujets, de s’informer, de parler, d’interagir avec d’autres personnes, d’en rencontrer de nouvelles… Eh bien, sachez qu’en partageant, qu’en interagissant, qu’en donnant son opinion sur n’importe quel sujet, cet algorithme récolte chaque jour de plus en plus d’informations sur nous, qui sont minutieusement traitées pour nous présenter des offres parfaitement adaptées à nos envies du moment.

Le principal but des réseaux sociaux est donc de nous faire interagir au maximum sur tous types de contenus (mode, cuisine, voyages, musiques…) afin d’en savoir un peu plus sur nos passions, nos avis, et de s’immiscer un peu plus dans nos vies.

De plus, tout est orchestré pour nous donner l’illusion parfaite d’interagir et de parler avec nos amis virtuels comme si nous discutions avec eux en face à face. N’est-ce pas fascinant ?

Au passage, j’aurai une petite question : combien de fois par jour déverrouillons-nous nos téléphones ? 10, 20, 30 fois ? J’exagère peut-être ? Ce nombre pourrait être impressionnant et même difficile à croire si nous nous mettions à compter.

Nous sommes malheureusement devenus esclaves d’un monde ou le maître mot est PARAITRE : nous sommes capables de passer des heures à chercher le meilleur angle pour avoir la meilleure photo, pour, en quelque sorte, montrer aux autres que nous avons la meilleure vie, et gagner, pourquoi pas, quelques likes. À force de vivre dans un environnement virtuel, nous n’arrivons plus à déceler le vrai du faux, nous nous comparons sans cesse aux autres.

À votre avis, pourquoi certaines personnes se sentent obligées de filmer et de prendre en photos tous leurs faits et gestes ? Leur vie quotidienne, leurs activités, leur « intimité », pour peut-être obtenir une reconnaissance ?

Et lorsque nous ne sommes pas sur nos écrans, pas de panique ! Il y a toujours une solution !

Les notifications sont là et se chargent de nous y ramener régulièrement, histoire de ne rater aucun message. Et évidemment ça marche !

Eh oui, ils nous tiennent, mais rassurez-vous : nous ne sommes pas seuls, nous sommes même loin d’être seuls. En 10 ans, les réseaux sociaux ont triplé leur nombre d’utilisateurs pour atteindre plus de 4.5 milliards. Désormais, plus de la moitié de la planète est sous leur emprise ! Vous ne trouvez pas ça énorme ?!

Voici quelques chiffres pour illustrer mes propos et qui nous feront peut-être prendre conscience de ce qui se passe vraiment :

Facebook est toujours en tête de liste avec plus de 2 milliards 895 millions d’utilisateurs dans le monde, suivi de près par Instagram, Messenger, WhatsApp ainsi que les autres mastodontes comme YouTube etc. Entre eux, on se bouscule et c’est TikTok qui l’emporte avec près de 800 millions d’utilisateurs.

Depuis la généralisation du numérique dans nos vies, notre durée moyenne d’attention aurait été réduite de 12 à 8 secondes. Nous sommes tellement sollicités et stimulés à tout moment que nous ne sommes même plus capables de réfléchir ou de nous concentrer. Nous perdons petit à petit le contrôle de notre propre cerveau, car dorénavant, ce sont EUX les maîtres du jeu.

 

D’après de nombreuses études, la dépression chez les adolescents a augmenté de 70% depuis les 25 dernières années.

96% des 15-24 ans sont abonnés à un réseau social et 38% d’entre eux affirment que les réseaux sociaux les ont poussé à avoir une moins bonne estime d’eux-mêmes.

Toujours parmi les jeunes, 24% des utilisateurs présentent des troubles psychologiques et comportementaux et enfin 20% d’entre eux ont déjà été victimes de cyberharcèlement.

 

Les réseaux sociaux tuent également notre productivité : on scrolle, on scrolle, on scrolle et on perd notre temps.

On y passe des heures et on oublie finalement que dehors, il y a une réalité vive. Au lieu de prendre l’air, de sortir, de réfléchir à d’autres choses, de travailler sur de nouveaux projets, de faire une randonnée, de voir le monde, nous préférons rester chez nous, en pyjama, collés à nos écrans.

Je vous invite d’ailleurs, à regarder -lorsque vous aurez le temps- vos temps d’écran sur vos téléphones. Imaginez-vous juste que vous auriez mis tout ce temps-là pour avancer, innover, créer, travailler, apprendre, lire, vous poser des questions, réfléchir sur votre avenir, sur vous-même, méditer, pourquoi pas ?

Je ne suis pas là pour vous donner des leçons, mais pour vous avertir et nous -car je m’inclus aussi- faire prendre conscience du danger du virtuel.

Enfin, si le produit est gratuit, c’est que nous sommes le produit !

Nous le payons en temps de sommeil perdu, et en procrastination constante : la devise aujourd’hui est devenue : « pourquoi le faire aujourd’hui si je pourrai le faire demain ? »

 

Vous l’aurez compris, les réseaux sociaux, qui se sont maintenant installés dans nos cerveaux, s’accaparent sans cesse notre temps libre, diminuent notre temps d’attention, de réaction, nous rendent parfois même insensibles aux choses importantes.

Alors, y a-t-il un moyen de se protéger de tout cela ? De nombreux professionnels se sont posés la même question, le remède tient en un seul mot : déconnexion ! Totale ou partielle, de temps en temps, ça fait du bien.

Prenons du temps pour nous, déconnectons-nous ne serait-ce qu’une ou deux heures par jour, faisons du sport, lisons, instruisons-nous, apprenons à jouer d’un instrument, sortons !

Oublions le temps d’une journée nos téléphones, nos réseaux sociaux, nos likes, nos publications, nos stories… ça pourrait nous faire du bien parfois, non ?

Sans pour autant fermer tous nos comptes sociaux et les supprimer définitivement, apprenons à faire des pauses, pensons à placer nos téléphones loin de nous au moment de dormir (c’est important), car de nombreuses études ont effectivement démontré que cela avait un impact négatif sur notre santé et était donc vivement déconseillé.

Adoptons enfin le mode « ne pas déranger », supprimons nos notifications, essayons de trouver d’autres sources de plaisir et de divertissement en dehors du numérique.

Ce n’est qu’une question de volonté, nous pouvons tous y arriver ! Je compte sur vous !

 

Farah SMAHI, 3E3